Plus de la moitié du territoire de Cisjordanie, pour la plus grande part agricole et riche en ressources naturelles, est inaccessible aux Palestiniens. La première étude globale de l’impact potentiel de ce “territoire interdit“, publié par la Banque mondiale aujourd’hui, établit les pertes actuelles pour l’économie palestinienne à environ 3,4 milliards de dollars US.
La zone C représente 61% de la Cisjordanie et est le seul territoire contigu qui relie 227 petites zones résidentielles densément peuplées. Les accords de paix d’Oslo de 1993 stipulaient que la zone C devait être graduellement transférée à l’Autorité palestinienne (AP) jusqu’en 1998. Ce transfert n’a jamais eu lieu.
“Les zones urbaines densément peuplées de Cisjordanie requièrent généralement le plus d’attention“, indique Mariam Sherman, Directeur sortant pour la Cisjordanie et Gaza. “Mais libérer le potentiel de ce “territoire interdit“ – dont l’accès est actuellement limité par des couches de restrictions – et autoriser les Palestiniens à mettre en œuvre ces ressources, fournirait toute une série de nouvelles zones d’activité économiques et mettrait l’économie sur le chemin d’une croissance durable“.
Avec le besoin d’une croissance annuelle d’environ six pour cent pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail, sans même parler de réduire l’envolée du chômage des jeunes, il est urgent de se pencher sur les moyens de faire croitre l’économie et de créer des emplois. Une économie viable est essentielle pour le bien-être des citoyens, pour la stabilité sociale, et pour bâtir la confiance qui permettra d’étayer les difficiles négociations politiques. Cependant, l’économie palestinienne, qui repose actuellement sur une consommation financée par des donateurs, et qui souffre d’une stagnation continue du secteur privé, n’est pas viable. Le rapport estime que si les affaires et les exploitations agricoles étaient autorisées à se développer en zone C, le PIB palestinien serait accru de 35%.
La libération de l’activité économique en zone C aurait un impact particulièrement important sur le développement d’entreprises liées à l’agriculture et à l’exploitation des minéraux de la Mer morte, l’exploitation des carrières, la construction, le tourisme et les télécommunications. D’autres secteurs pourraient aussi bénéficier de progrès dans la qualité et le coût des infrastructures, et de l’augmentation de la demande de biens et de services.
Le volume de ce surplus d’activité économique améliorerait grandement les recettes fiscales de l’AP. L’augmentation estimée des revenus du gouvernement serait de 800 millions de dollars US, ce qui diviserait par deux le déficit budgétaire, réduisant ainsi le besoin de soutien par des donateurs, le chômage et le taux de pauvreté.
“L’accès à la zone C contribuerait de façon importante à résoudre les problèmes économiques palestiniens“ a affirmé Sherman. “L’alternative est sombre. Sans la possibilité d’utiliser le potentiel de la zone C, l’espace économique restera fragmenté et rachitique. La levée des multiples restrictions pourrait transformer l’économie et améliorer substantiellement les perspectives d’une croissance durable.“